APAJ
void
Avec le concours du MAD
void
Avec le conconours de la Presse Régionale
void
Association pour l'aide aux jeunes auteurs

Alexandra COLLEU – Ô Jérusalem

Photos : CC DAVID55KING

Photos : CC DAVID55KING

Quand on vous dit Israël, à quoi pensez-vous ? Juifs…Palestine…Conflit… ? Mais si je demandais à Oren, jeune Israélien, étudiant à la Chambre de Commerce de Tel Aviv, il me dirait : «Israël? Je pense à Force…Racines…Connaissance…» Une toute autre vision du pays non?

Piquée dans ma curiosité et désireuse de mieux les connaître, je me suis laissée entraîner par ces jeunes dans leurs quotidiens, leurs sorties, leurs conversations, leurs fous rire et leur silence… Etude simple d’une jeunesse riche et complexe, partagée entre rêve et réalité.

C’est une sensation étrange que de marcher dans les rues de Tel Aviv, s’asseoir sur un banc, observer les passants… C’est encore plus enrichissant que de lire un article des années cinquante sur la politique officielle du pays prônant le «melting-pot» des cultures !

Les rues parlent d’elles-mêmes : grands, petits, blonds, bruns, peaux claires, hâlées, noires… beautés froides soviétiques, beautés chaudes méditerranéennes…on peut absolument tout voir ! et tout entendre ! hébreu, arabe, russe, anglais, français…

Dès mon arrivée en Terre Sainte, j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs jeunes de ma génération : Oren, Yotam, Yosef, Rom, Limor, Xagaï etc… ils ont entre 18 et 25 ans et sont étudiants, dans l’armée ou actifs. Tous sont sabras – Israéliens nés en Israël – mais d’origines diverses : Oren est d’origine italo-hollandaise, Yosef et Limor suisse, Xagaï russe, etc… Ils ne se ressemblent pas, n’ont aucun trait physique en commun.

La raison de cette pluralité ethnique est que depuis la création de l’Etat d’Israël, en 1948, quelque 2,7 millions de juifs en provenance de 130 pays ont immigré en Israël : autant de cultures qui doivent apprendre à cohabiter et s’unifier sous un même drapeau. Le lien n’étant plus la religion mais l’appartenance à une même Nation. Toutefois, malgré le désir d’unité – à travers la langue hébraïque, l’armée – nombreux sont ceux qui tiennent à préserver leurs traditions. Prenons l ‘exemple des « Israéliens soviétiques» ou «russes juifs»… J’ai rencontré un jeune homme, qui avait honte de dévoiler ses origines russes, car «mal vu» parmi les jeunes. Curieuse, j’ai questionné mes nouveaux amis et d’après eux, ces personnes s’isolent elles-mêmes du reste de la population à travers le refus de pratiquer l’hébreu… La diversité culturelle est certes source de grande richesse mais peut également s’avérer être la raison de malaise.

Jamais je n’aurais cru que définir ce simple mot «Israélien» serait si complexe… Cela englobe tellement d’éléments ! 2,7 millions d’immigrants provenant d’Europe, d’Afrique du Nord, d’ex-union soviétique sur un territoire plus petit que la Bretagne !

Pour nous il est bien simple de dire « je suis Français, Française », toutes nos générations passées ont travaillé à cette notion de «Français». Les jeunes que je côtoie ici travaillent à cette notion d’identité. Ils sont peut-être la 1ère génération d’Israéliens à être tous sabras – 65% de la population actuelle – nés en Israël, et malgré la langue parlée au domicile familiale et les coutumes liées au pays, ils sont maintenant avant tout Israéliens. Mais à quel prix ?…
Pays, nation, patriotisme

Ici les jeunes doivent, dès leur dix-huitième année, accomplir leur service militaire, obligatoire : deux ans pour les filles, trois ans pour les garçons. D’ailleurs c’est sûrement ce qui m’a le plus marquée à mon arrivée dans le pays : tous ces jeunes en uniforme ! dans le bus, dans la rue, dans les boutiques, sur la plage ! On est plus rapidement projeté dans la réalité de la situation politique…

Lorsque la plupart de nos jeunes en France s’apprête à vivre leurs « plus belles années » lors de leurs études supérieures, les jeunes Israéliens s’apprêtent à vivre les années les plus intenses de leur existence : un jeune sur deux devra porter une arme et s’en servir, beaucoup côtoieront la mort, connaîtront la perte d’un ami, un proche, un frère.

Ce passage dans l’armée va donc en quelque sorte définir leur identité. Dès l’adolescence, ils sont projetés dans la réalité de la situation de leur pays (et même avant, non pas en tant qu’acteur, mais comme témoin des événements – guerres, attentats…). Ils apprennent à se battre au risque de leur propre vie afin d’assurer l’avenir des générations futures. Les notions de Pays, Nation, Patriotisme prennent forme.

La jeunesse israélienne est forte car elle doit l’être, elle n’a pas d’autre choix.

Pourtant, malgré ce départ dans le vie bien particulier, rien ne nous différencie d’eux d’apparence. Et bien que ce soit le Moyen-Orient, ici les jeunes vivent «à l’occidentale», loin des coutumes propres aux pays arabes : ils aiment la mode, la musique, le cinéma, être avec leurs amis. La notion de groupe est très forte. Chaleureux et avenants, ils n’hésiteront pas à vous parler, à vous inviter chez eux, et à vous intégrer à leur cercle d’amis, soucieux de vous donner le meilleur accueil possible.

Ils aiment aussi sortir : bars, festival, concerts, rave-party. Il y a de tout, tout le temps. Ici, on n’entend pas parler de débordement de la part des jeunes. Une des règles de vie qu’ils apprennent dans l’armée est le respect : respect des règles, respect d’autrui. À travers leur expérience, ils acquièrent des valeurs que l’on n’a pas forcément et du coup les priorités qu’ils donnent à leur existence sont différentes des nôtres. Conscients de l’instabilité de leur situation, ils veulent vivre maintenant, intensément et être heureux avec ce qu’ils ont, au cas où…. Les jeunes ne se révoltent pas, ne se battent pas ou rarement car ils savent ce qu’est « se battre » pour une cause qui met leur vie en péril. Leurs priorités sont tout simplement différentes. Rien n ‘est acquis et ils le savent.

Mais quel futur justement attend ces jeunes ? Comment voit-on l’avenir dans l’un des pays les plus instables au monde ? Et quel regard portent-ils sur la situation actuelle des événements ?
Combat pour la liberté

La plupart des jeunes que j’ai rencontrés ici rêvent d’un avenir «simple» mais heureux : un travail lucratif, un partenaire à aimer, des enfants, une maison et surtout, fonder une famille en Israël. Ils veulent voyager, « conquérir » le monde mais surtout revenir dans leur pays pour y voir grandir leur famille. Ils ne sont que trop conscients des épreuves endurées par les générations passées pour être là où ils sont aujourd’hui et ne leur feront pas le déshonneur de s’installer ailleurs. Israël a été une terre longtemps attendue et ils souhaitent plus que tout y rester.

C’est la raison pour laquelle les Israéliens se battent aujourd’hui, ils veulent gagner ce conflit pour conserver leur liberté de vivre dans leur pays: «Israël est un territoire qui nous a été donné, nous ne sommes pas venus conquérir cette Terre par les armes ! Successivement sous dominaton romaine, chrétienne, musulmane, ottomane et britannique, la Palestine en tant qu’entité autonome n’aurait jamais existé. Il n’y a pas de langue palestinienne, de culture palestinienne à proprement parler… Le mot «Palestinien» a successivement désigné les juifs puis les Arabes… Les Palestiniens tels qu’on les appelle aujourd’hui, sont des réfugiés arabes en Israël qui se font appeler ainsi depuis 1967, depuis que Israël a conquis des mains de la Jordanie, et non pas des Palestiniens, la Judée, la Samarie et Jérusalem Est… Et pourquoi sont-ils des réfugiés? Parce qu’ils n’ont pas été accueillis par leur pays d’origine… Israël a entamé à plusieurs reprises des processus de paix avec ses pays voisins a accepté l’autonomie de certains territoires sous autorité palestinienne, fournit les Palestiniens en arme pour se défendre du terrorisme, leur prodigue une aide humanitaire,… et malgré cela, l’OLP, la plupart des pays arabes, maintiennent leur position et souhaitent la destruction d’Israël».

« On se bat pour notre liberté contre ceux qui se battent pour notre destruction!» D’après eux toujours, il y a deux façons de se battre : « se battre pour gagner et se battre pour ne pas perdre. La différence étant que lorsqu’on se bat pour gagner, on accepte la défaite si elle permet d’obtenir des arrangements favorables à la Nation ; alors que lorsqu’on se bat pour ne pas perdre, ce que l’on obtient au prix d’une défaite, même si c’est ce que l’on souhaitait au départ, n’a aucune valeur, il faut avant tout ne pas perdre et donc continuer à se battre jusqu’à la victoire, non pas la victoire de ses idéaux mais une victoire militaire…». Alors quand et comment cela finira-t’il ?…

Le monde arabe représente 10% de la surface terrestre et Israël n’est que 0,1% de ces 10%. Il y a 337 millions d’Arabes alors que le nombre d’Israéliens s’élèvent à 7 millions… «Que veulent-ils de plus ? que l’on disparaisse tous?… » telle est la question telle qu’elle m’a été énoncée par ces jeunes… Leur réponse «Jamais! On continuera à se battre !»… Cinq mots qui en disent long n ‘est-ce pas ?…