Ramallah, mai 2012. Une colère sourde gronde au sein de la population palestinienne. Environ 1600 prisonniers palestiniens en Israël sont en grève de la faim depuis des semaines. Parmi eux, plusieurs centaines de détenus administratifs, incarcérés sans inculpation ni jugement. Tous réclament la fin de l’isolement carcéral et de la détention administrative, ainsi que l’autorisation des visites pour les prisonniers gazaouis. Leurs familles, soutenues par le ministère des prisonniers palestinien et diverses associations, se regroupent pacifiquement, jours après jours, aux abords de grandes tentes kaki qui ont poussé comme des champignons sur les principales places de Ramallah. La tension est palpable, surtout à l’approche des commémorations de la Nakba, la catastrophe, qui doivent se dérouler le mardi 15 mai. Les rassemblements en souvenir de la création de l’État hébreux et de l’exode de plus de 750 000 Palestiniens qui en a découlé, il y a 64 ans, pourraient dégénérer. Mais Israël, conscient des risques, désamorce la crise la veille des manifestations, en cédant aux revendications des grévistes. Le lendemain, le cortège gigantesque qui traverse la capitale administrative des Territoires palestiniens est familial et apaisé, presque joyeux. Bien sûr la rancœur et l’amertume n’ont pas disparues. Mais un parfum de victoire flotte dans l’air. Cette journée est une bouffée d’oxygène pour cette population en apnée.
Familles et soutiens des prisonniers se retrouvent tous les jours autour
de grandes tentes dans lesquelles plusieurs hommes ont entamé des grèves
de la faim.
Le père de jeunes détenus, les larmes aux yeux, répond à une interview télévisée.
La grève des prisonniers focalise toute l’attention des médias palestiniens.
Des milliers de Palestiniens défilent, sous un soleil de plomb, dans les rues
de Ramallah. Une véritable démonstration de force.
Tous les écoliers de la ville prennent part au rassemblement.
Les drapeaux palestiniens, fierté d’une nation, flottent par centaines
dans la manifestation.
L’événement réunit toutes les générations.
Les plus jeunes, portés par leurs parents, ont le regard tourné vers l’avenir.
L’espoir se lit sur tous les visages.
Inquiétude et amertume n’ont pas disparu pour autant.
Le soir, les commémorations prennent fin dans le calme et la capitale
palestinienne reprend paisiblement son rythme.