Voila près de deux ans que je fais les allers et retours pour croiser et être avec les habitants de ce quartier, c’est à dire évoluer avec eux.
Par habitude on ne s’y arrête pas, c’est une cour que l’on traverse du matin au soir pour garer sa voiture, prendre le bus sur la route ou rentrer chez soi.
C’est une arrière-cour, un jardin entouré d’arbres comme derrière les trop nombreuses facades d’immeubles, sur l’avenue de la Victoire dans le quartier nommé Bezymienka à Samara, en Russie.
La nuit, le backyard devient un lieu de rencontre et d’appartenance pour les jeunes qui habitent aux alentours. Ils y passent les soirées, anniversaires et fête de Noel.
Mais certain, comme Sacha, Alexié et d’autres se sont pris d’affection pour ce backyard qu’ils considèrent depuis 5 ans comme leur cours des miracles et qu’ils entretiennent et protègent de l’extérieur.
Leur cours est devenu un espace pour leur style qui navigue entre skate et redskin. Que ce soit par le dessin, les blasons où les tatouages, ils cherchent une autre voie, car ils sont conscients de l’écart qui existe entre eux même et les générations adultes.
Ils se sont impregnés de ce quartier modeste et le revendiquent: ouvrier, familiale. Ils aiment porter en eux l’image d’un groupe fraternel et solidaire face à l’agressivité qui provient de l’extérieur.
La menace c’est d’accepter une vie gouvernée par l’argent, un nationalisme prépondérant et un régime politique tenu par un seul et unique parti «russie unie».
Ici La station de métro du quartier s’appelle aussi Bezymienka, c’est à dire «sans noms». Comme tous ceux qui ont participé à la guerre puis à la reconstruction, il existe aujourd’hui des anonymes qui veulent un autre monde..