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Avec le concours du MAD
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Avec le conconours de la Presse Régionale
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Association pour l'aide aux jeunes auteurs

Clara Vallée – Le quotidien malgré la crise à la Latina

En selle

En selle


La Latina, Madrid, été 2012. La chaleur frise les 40°. Les madrilènes désertent la ville, allant chercher la fraicheur à la mer ou au pueblo. Seuls restent les travailleurs et les touristes. Mais les mauvaises nouvelles s’accumulent pour l’Espagne. Les mesures d’austérité se font de plus en plus dures. La crise bat son plein. Cela fait quelques années déjà qu’elle s’immisce progressivement dans la vie des espagnols, mais elle est aujourd’hui bien visible à la lumière du jour.
Après l’augmentation du prix du ticket de métro et de l’essence, apparaissent de plus en plus de scooters et de vélos. On préfère la marche au taxi. En effet, on peut traverser la ville d’est en ouest en 45 minutes environ.

Le quartier

Le quartier


Le quartier de la Latina est un quartier festif et agréable, quelque peu « bobo ». L’architecture est typiquement madrilène avec ses vieux immeubles aux petits balcons toujours encombrés de bric à brac. Les rues sont pavées et s’entrelacent, nous emmenant jusque dans les parties les plus reculées du quartier, la où les touristes ne vont jamais. Par ici une petite place avec une fontaine, ici une église, là bas un petit parc. La place centrale peut s’apparenter à une place de village, où les vieux comme les jeunes du quartier se rassemblent et discutent. Bien que le botellón (fait de boire dans la rue) soit maintenant interdit depuis quelques années, cela n’empêche pas les jeunes de se retrouver sur la place le weekend pour boire leurs propres boissons mises dans des bouteilles.

Les terrasses

Les terrasses


Beau temps oblige, les espagnols passent la plupart de leur temps libre en terrasse quand la chaleur se fait plus supportable. Juste pour boire un verre ou picorer quelques tapas, les terrasses ne désemplissent pas, surtout le weekend. Touristes et habitants se côtoient dans une ambiance bonne enfant. Quelque fois, des musiciens de rue jouent un air et puis s’en vont, allant de terrasse en terrasse. Sur cette photo, les gens profitent de la vue du soleil couchant sur le parc de las Vistillas.

Melting pot

Melting pot


Vous croiserez à la Latina aussi bien des espagnols que des sud américains, des chinois ou des touristes de passage. Certaines rues ont des allures de quartier chinois avec tous ces magasins d’alimentation, de vêtements, d’accessoires, de bijoux ou de téléphonie tenus par des asiatiques. Le soir dans la rue, ils seront nombreux à vous demander : « Cerveza ? » (bière ?) qu’ils transportent dans leurs sachets plastiques.
Dans les bars se rassemblent à la fois des jeunes, des familles et des personnes âgées, sans distinction d’âge ou des sexe, chacun se parle. L’ambiance est conviviale et détendue, les violences sont rares.

Sous le pont

Sous le pont


Dans le parc de las Vistillas où se croisent joggeurs et promeneurs, juste sous le pont qui relie la Latina au Palais Royal, habitent deux SDF très discrets. Ils ont installé deux matelas sur des tapis, ainsi protégés du froid de la nuit et des intempéries hivernales.
Le nombre de SDF en Espagne a clairement augmenté depuis le début de la crise. Le nombre de mendiants encore plus. Beaucoup de gens se déguisent en Mickey ou autres personnages, font de la musique ou simplement la manche. Même les étudiants sont obligés de jouer dans la rue ou le métro afin de pouvoir financer leurs études, l’université publique étant payante.

Quand il faut survivre

Quand il faut survivre


Sur la pancarte est écrit : « Alguna chica bonita quiere un chico feo para que nadie te lo quite ?» : une jolie fille veut un copain moche pour que personne ne la quitte ?
Kike avait un sofa pour dormir au pied de la paroisse San Andrés, sur la place principale du quartier. Ses effets personnels sont même logés dans les rainures du bâtiment. Malheureusement, son sofa aillant brulé (un acte malveillant?), il dort maintenant à même le sol, au milieu des passants. Mais cela ne l’empêche pas de toujours faire de l’humour.

Indignation et révolte

Indignation et révolte


L’année dernière, Madrid a été le lieu de manifestations pacifiques d’indignés. Pendant un mois la Puerta del sol a été occupée. Un vrai petit village s’était créé, avec sous les tentes dressées de petits stands accessibles à tous. La solidarité entre les personnes présentes était totale. Un an après ont toujours lieu des assemblées hebdomadaires dans chaque quartiers où des indignés de tous les âges se rassemblent pour discuter de thèmes de société.
Sur cette photo, on voit que les lettres de la banque Santander ont été effacées afin de représenter le mot Satan. En effet les banques et le monde de la finance en général représentent pour beaucoup de gens le mal qui a entrainé de nombreux pays dans la crise. Elles sont donc la cible de contestations et d’actions de la part d’indignés. Le mur est également taggué : « crisis global, gobierno mundial » : crise globale, gouvernement mondial et des affiches sur la porte disent : « le problème ce n’est pas la crise, le problème c’est le système ». Le but étant de rassembler la population autour de convictions et d’idées, et ainsi d’inciter à la lutte contre le système en place.

Fiestas de la Paloma

Fiestas de la Paloma


Du 12 au 15 août chaque année ont lieu les « fiestas de la virgen de la paloma ». Chaque rue de la Latina se transforme alors en bar-boite en plein air où des milliers de madrilènes se retrouvent pour faire la fête. En effet, les comptoirs des bars se retrouvent sur le trottoir pour être plus accessible aux badauds. Au programme : concerts pour tous les goûts, stands de nourriture, jeux de fête foraine et animations en tout genre. La foule est telle qu’il est difficile de circuler, il faut se frayer un chemin à travers la foule. Pour voir les concerts sur la place, les spectateurs sont obligés de monter sur des murets ou autres promontoires, les plus chanceux peuvent regarder le spectacle depuis leurs balcons.

Le régal des papilles

Le régal des papilles


Ce stand, dressé spécialement pour las fiestas de la Paloma foisonne de nourriture. Un plateau tournant sur lequel se dresse un dragon de métal permet de faire cuire des brochettes de viande et des saucisses. Un petit cochon de lait en train de rôtir tient même un poivron dans sa bouche. D’autres spécialités espagnoles cuisent de tous les côtés. A partir de 22h les clients se font de plus en plus nombreux, alors les cuisiniers s’activent. Des tables permettent aux gens de manger tout en regardant le concert.
Malgré la crise, les espagnols gardent leurs habitudes et s’accordent toujours de petit plaisirs culinaires, mais peut être en faisant plus attention aux dépenses.

L’espoir

L’espoir


Lors de l’une des rares journées à Madrid où le temps et couvert, voir pluvieux, un arc en ciel apparait timidement au dessus des toits. L’Espagne est aujourd’hui bien entrée dans la crise mais le moral et l’espoir restent ancrés. Les habitants tentent de conserver leurs habitudes du mieux qu’ils peuvent, en essayant de trouver un petit boulot ou un CDD, et pour les étudiants de prolonger leurs études ou de faire des stages souvent non rémunérés. Les mesures de restrictions budgétaires imposées par le gouvernement ont des effets négatifs conséquents sur le pouvoir d’achat de la population, et la sortie de crise sera longue et difficile, mais les espagnols sont prêts à se battre pour leurs droits.