Wuhan, République Populaire de Chine
Je me souviens de cette cuillière que j’avais achetée sur un marché, dans les rues de Wuhan
Je me souviens surtout de ma rencontre avec le chaos urbain d’un chantier infini
Chaque jour, je montait les marches de la paisible université du quartier de Wuchang
La chaleur de l’été transportait étudiants et professeurs dans de longues siestes répétées
Les rues étaient peuplées de lions de pierre qui ne faisaient pas de différences entre banques et restaurants
Il y avait aussi la Tour de la Grue Jaune, reconstruite des dizaines de fois, jamais au même endroit
A quelques heures de la mégapole, les villages subsistaient
Ils contiennent les trésors du vernaculaire chinois, oubliés dans la frénésie urbaine
Au milieu des tours de béton, les lacs de Wuchang. Pour quelques yuans, on loue un bateau
Il m’arrivait parfois de quitter la ville. J’ai alors découvert les gares et les migrations incéssantes
Je me suis évadé une fois, à la montagne. Wudang Shan, lieu de culte taoiste
J’ai rencontré beaucoup de statues. On ne s’était jamais vu. On ne parlait pas la même langue
Malgrès tout cela, je me sentais chez moi. Je ne savais pas qu’une révolution s’était produite ici
Je restais à l’écart des boulevards et des autouroutes urbaines. Je vivais dans un labyrinthe
Toutes mes fenêtres étaient brisées. Il n’y avait plus de frontières avec l’extérieur
Je regrette parfois cet appartement. Je recherche les ruelles cachées et je pense à Wuhan
J’ai perdu ma cuillère. Mais j’ai acheté une tasse aujourd’hui, dans un marché à Pékin